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Pas encore avenu, le gouvernement de Michel Barnier provoque déjà des crispations au sein de la coalition présidentielle. Si l’architecture globale de l’exécutif, présentée jeudi 19 septembre par le premier ministre au cours d’une réunion avec les chefs de parti à Matignon, est peu contestée, les noms ébruités depuis, qui annoncent un gouvernement fortement marqué à droite, ont provoqué des remous, vendredi, parmi les alliés de l’ancienne majorité.
La présence de Bruno Retailleau, figure de la droite conservatrice, ancien protégé du souverainiste Philippe de Villiers, auquel aurait été proposé le ministère de l’intérieur, hérisse particulièrement les macronistes. Le président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat représente « la droite la plus dure », souligne le député Renaissance de Moselle Ludovic Mendes. « On peut travailler avec des gens de droite, assure cet ancien du Parti socialiste, citant en exemple les noms d’Annie Genevard (députée LR du Doubs, pressentie pour être ministre de l’agriculture), Julien Dive (député LR de l’Aisne, proche du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand) ou Philippe Juvin (député LR des Hauts-de-Seine), mais avec Retailleau, qui parle de “Français de papier”, ce n’est pas possible. De plus, ce n’est pas avec ce type de profil qu’on va attirer des gens de gauche au gouvernement. »
De fait, à gauche, seul l’ancien président socialiste de la commission des finances de l’Assemblée nationale Didier Migaud, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, aurait accepté les avances de Michel Barnier.
Autre profil jugé « clivant » dans le camp présidentiel, celui de la sénatrice LR de Loire-Atlantique Laurence Garnier, proche de Bruno Retailleau, qui s’était opposée au mariage pour tous ou à la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Alors qu’elle était pressentie pour le portefeuille de la famille, son nom a fait bondir la gauche et une partie du camp présidentiel, qui ont dénoncé une « provocation ».
Alerté par plusieurs cadres macronistes, Emmanuel Macron, qui lui-même ne connaissait pas l’élue, selon un proche, a à son tour attiré l’attention du premier ministre sur le « profil délicat » de la cheffe de file de l’opposition à la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland. La sénatrice devrait être déplacée sur un autre poste. Un procédé contesté du côté de la droite républicaine.
C’est dans ce contexte tendu que la députée de Loire-Atlantique Sophie Errante, l’une des premières députées socialistes à avoir rejoint Emmanuel Macron en 2017, a annoncé vendredi son départ du groupe Ensemble pour la République (EPR), qui rassemble les députés Renaissance. « La désignation de Michel Barnier et la composition du gouvernement marquent un virage net à droite », regrette-t-elle dans un communiqué, et « une rupture profonde avec les raisons pour lesquelles je me suis engagée aux côtés d’Emmanuel Macron en 2017. » Réélue au second tour des élections législatives, le 7 juillet, lors d’une triangulaire, l’élue espérait la constitution d’une « coalition centrale autour de Bernard Cazeneuve [ancien premier ministre socialiste] », dit-elle au Monde. Déçue, elle reprend sa « liberté de parole, de ton et de vote », et siégera désormais parmi les non-inscrits.
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